Les langues sont contraintes par un appareillage biologique qui résulte de l’évolution, ainsi que par des pressions de transmission et d’acquisition, et partagent ainsi certaines caractéristiques. C’est ainsi que le « langage humain » peut être considéré comme universel, c’est-à-dire commun à tous les peuples. Il n’existe pas de peuple a-linguistique mais il ne faut cependant pas oublier qu’il existe des individus qui n’acquièrent pas le langage, pour des raisons pathologiques. 

Le langage est central : il permet la socialisation. C’est en parlant que nous apprenons et en parlant que nous formons des familles et des sociétés. Nos langues bâtissent nos cultures, nous divertissent, nous lient et nous divisent. C’est également le langage qui permet l’accumulation technologique qui caractérise notre espèce : si nous voyons plus loin sur les épaules des géants, c’est notamment parce que ces géants ont pu nous communiquer leurs savoirs et/ou nous en laisser des traces écrites ou orales. En tant qu’objet d’étude, le langage stimule des questions de recherches nombreuses et variées: d’où vient le langage ? A quel point est-il contraint par la génétique ? A quel point notre pensée est-elle structurée par le langage ? Comment isolons-nous des mots d’un flux acoustique continu ? Comment tenons-nous compte du contexte pour décoder l’intention communicative de notre interlocuteur ? Quelles-sont les conséquences cognitives du multilinguisme ? Etc.

Si le langage est universel, les langues sont très différentes, au niveau des sons qui les construisent, du lexique qu’elles ont développé et des règles qui les structurent. Ces écarts seront d’autant plus grands que l’ascendance partagée est éloignée : on pourra identifier des racines communes entre l’italien et le français, par exemple, ou encore entre l’arabe et l’hébreu, mais plus difficilement entre le pukapuka et le néerlandais. Ainsi, nos langues portent-elles les histoires de nos ancêtres, de leurs migrations et des contacts avec d’autres peuples dont nous retrouvons les traces notamment dans le vocabulaire dit emprunté. Elles permettent également d’accéder à nos cultures écrites et orales et font ainsi parties intégrantes de nos identités, ce qui explique leur statut protégé dans des textes de droit international.

L’étude des particularités des langues et des ressemblances entre elles et entre leurs familles est le programme de la linguistique descriptive et des études de grammaire. Cet exercice est difficile, car les langues ne sont pas des objets fixes mais sont sujets constamment à des innovations et exceptions. L’utilité de ce travail ne peut être minimisée? D’une part, il permet de laisser des traces de langues qui disparaissent ou qui changent. D’autre part, il est nécessaire à des fins pédagogiques, car pour transmettre une langue, il faut en établir les règles (la grammaire) et le vocabulaire (le lexique). En effet, les capacités d’imitation et d’induction avec lesquelles nous apprenons nos langues maternelles ne sont plus à notre portée lorsque nous apprenons une langue après l'enfance.

Le travail de comparaison des langues informe également sur l’histoire humaine, en particulier sur les migrations, et contribue à la compréhension de notre espèce dans ses aspects sociaux et psychologiques. Afin de saisir ce qui nous est commun, il faut donc passer par l’étude de ce qui nous distingue, et à l’inverse, le fait de parler ces langues qui nous distinguent est un de nos plus importants points communs.

Mis à jour le 19 septembre 2019